Chronique 22 : « Sauvez votre peau, devenez narcissique » de Fabrice Midal, chez Flammarion

J’avais un peu d’avance. Alors plutôt que de faire les cent pas, j’ai opté pour un café en terrasse. Le beau temps était au rendez-vous, j’avais un peu de temps devant moi :  l’occasion rêvée de poursuivre ma nouvelle lecture qui, à plus d’une reprise, a fait jaser mon entourage.

Le titre interpelle, et j’allais en avoir la preuve, même si j’étais loin de m’imaginer le cataclysme que cette lecture ferait naitre en moi quelques jours plus tard. Plongée dans les premières pages de « Sauvez votre peau, devenez narcissique », je n’avais même pas remarqué qu’il se tenait debout, devant moi. Je refermais alors mon livre pour échanger les traditionnelles convenances. En voulant glisser discrètement ce dernier dans mon sac à main, il me pris la main :

« Attends, c’est quoi que tu lis en ce moment Sana? ».

« Un bouquin de Fabrice Midal », répondis-je, détachée.

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« Sau-vez votre peau, devenez nar-ci-ssique », dit-il, le livre entre les mains, l’air plus que surpris, comme si je m’apprêtais à rejoindre le club des gens qui admirent leur reflet dans le miroir.

Il ajouta même en souriant : « C’est tellement pas toi ».

Plutôt que d’ouvrir le débat sur la signification réelle du narcissisme, sur le mythe de Narcisse, j’ai opté pour sa clôture :

« Montres moi donc les photos des Galápagos. Ce devait être magnifique ».

« Ah ouais grave, c’était fun de fou. Regardes ».

Le soir venu, j’ai repris Narcisse, là ou je l’avais laissé. J’avais conservé dans ma mémoire le modèle d’un jeune homme orgueilleux et vaniteux, « tombé amoureux de sa propre image et puni par les dieux de s’être trop aimé. Coupable de ne pas être humble. Doublement coupable de se trouver aimable et de s’aimer. Narcissisme, narcissique : sans trop réfléchir, j’utilisais ces mots, comme tout le monde, avec la consonance fort péjorative qu’ils portent, depuis des siècles, dans notre vocabulaire. De vilains mots. Et pourtant… ».

Fabrice Midal nous relate avec une plume remarquable, la signification profonde et authentique de cette légende si souvent décriée, et les leçons que l’on peut en tirer pour être nous-même dans une société où tout nous invite à nous bafouer.

La légende raconte en effet, qu’il est interdit à Narcisse, de se mirer. « Au fil des ans, il acquiert une beauté sans pareille. Tous ceux qui le rencontrent adolescent tombe amoureux de lui. Mais Narcisse ne sait pas qui il est, ni ce qu’il est. Il se vit comme un petit vilain canard qui ne se trouve pas du tout aimable [..]. D’ailleurs, « il ne se doute pas qu’il est aimable, n’a pas conscience de l’amour qui fait naitre dans le cœur des jeunes hommes et des jeunes femmes auxquels il tourne le dos, les laissant dépités, malheureux. »

Un jour, Narcisse se découvre. Il se penche sur une source et voit, pour la première fois, son reflet dans l’eau. Jusqu’alors, il ignorait tout de sa beauté. Un peu comme nous qui sommes tellement prompts à voir la beauté chez les autres.

Narcisse passe alors des jours à scruter ce reflet. « Quand il finit par se reconnaître, il touche une forme de jubilation et se transforme aussitôt en une extraordinaire fleur blanche au cœur d’or, la fleur de la joie pure, la première à éclore après l’hiver, qui porte désormais son nom : le narcisse ».

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Ainsi, pour les grecs, Narcisse était une ode à la renaissance du printemps et à l’épanouissement de la nature, de la vie. Ce n’est que beaucoup plus tard, probablement sous l’influence des théologiens chrétiens , que Narcisse est puni par les dieux de s’être trop aimé.

L’auteur décortique, au fil des pages, formidablement le mythe de Narcisse et nous offre les clés de compréhension inhérentes à son analyse, au travers de son propre parcours.

La légende grecque n’interdit pas de s’aimer. Elle nous invite à nous rencontrer, à nous accepter, à faire la paix avec nous-même, à avoir de la bienveillance envers nous-même. Combien d’entre nous sommes inconscients de nos propres ailes ? Combien d’entre nous ignorons notre propre lumière, nos propres ressources ? Combien sommes nous à vivre à côté de nous-même ?

« On le dit indifférent, on le trouve orgueilleux; il est seulement ignorant ».

L’auteur nous conte avec force, et lucidité sa propre histoire de « vilain petit canard », ses parents le prenaient même pour « un demeuré », une « anomalie » tellement il était différent des autres gamins de son âge.

J’ai adoré ce livre : tellement juste, édifiant, criant de vérités sur les travers et les injonctions de notre société contemporaine.

« J’étais un robot ; j’ai pris le temps de faire connaissance avec l’être humain en moi. De m’observer dans ma vie quotidienne. J’ai reconnu les rôles derrière lesquels je me dissimulais, des personnages comparables aux masques du théâtre antique. Qui suis-je ? Patron ou salarié, marié ou célibataire, jeune ou vieux, actif ou paresseux, surdiplômé ou détenteur d’un CAP…J’ai identifié ces modèles virtuels que je m’épuisais, en vain, à imiter. Des images qui n’existent pas dans la réalité, des idéaux artificiels que me renvoyaient les livres, les films, les magazines, et auxquels j’avais fini par croire, m’échinant à leur ressembler. Cette prise de conscience m’a complètement réveillé ».

De la première ligne à la dernière ligne : chaque mot est savamment apporté. Les exemples sont nombreux. Les références philosophiques sont multiples et pertinentes. J’ai adoré cette lecture.

« M’aimer n’est pas niais : c’est un acte d’intelligence qui consiste à me dire oui, avec mes limites et ma médiocrité, mes possibles et mon humanité. Oui parce que je suis. Oui parce que je mérite d’être. M’aimer est une tâche de longue haleine, l’œuvre d’une vie. M’aimer est le point de départ du déploiement de ma vie… ».

« Dire moins de soi qu’il y en a, c’est sottise, non modestie. Se payer de moins qu’on ne vaut, c’est lâcheté et pusillanimité ». Montaigne (Essais II, 6).

« Nous ne faisons pas confiance à notre individualité. C’est l’un de nos problèmes les plus graves. Nous prenons peur dés la moindre rupture avec un mode de pensée conformiste ». Chogyam Trungpa

« Les dragons ne sont que des princesses qui attendent de nous voir forts et courageux ». Rainer Maria Rilke

Autant te dire que je suis en train de sauver ma peau.

Ce livre est disponible : ICI. 

Et j’espère t’avoir donné envie d’en faire autant. Et si, sur la base de cette nouvelle et puissante interprétation du mythe proposée par Fabrice Midal, on devenait narcissique ? Qu’en penses-tu ?

A bientôt,

Sana,

Tous droits  réservés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chronique 21 : « J’arrête d’être parfaite », Cindy Ghys, aux éditions Eyrolles

Bonjour, Bonsoir,

Et si « on se foutait un peu la paix » ? Et si on mettait de côté le perfectionnisme ? Et si on enclenchait le mode « joie » ?

Nous aimerions toutes (et tous) choisir plus souvent la joie, oser des folies, agir face à la peur, être audacieuse, sortir davantage de notre zone de confort, s’offrir des énièmes chances, être plus douce avec nous-mêmes.

« Les femmes ne sont pas malheureuses de leurs imperfections, mais de vouloir être parfaites dans un monde qui ne l’est pas. Donc il est temps de revoir ses standards et de libérer, délivrer les princesses parfaites. Et si le froid de l’imperfection était le prix de la liberté ? 

Je te vois venir avec tes talons hauts en train de marmonner que renoncer au perfectionnisme est le meilleur moyen d’obtenir la médiocrité. Entendons-nous, cela ne signifie pas tomber dans le clair-obscur de la face cachée de la pâte à tartiner, en pyjama dépareillé toute la journée. Je te propose simplement de changer de stratégie pour atteindre la meilleure version de toi-même. Et plutôt que de rechercher la perfection, tu peux viser l’excellence et être heureuse malgré les ratés. 

Tu as envie d’essayer ? Ça fait un bien fou !».

Un programme en 21 jours pour en finir avec la « perfect attitude ». Un bouquin « sans prise de tête ». Je me suis reconnue dans bien des travers de perfectionniste savamment décrits par l’auteure.

Cindy Ghys tutoie son lecteur, nous avons l’impression de discuter avec elle autour d’un café.  Elle nous propose un plan sur 21 jours, des questions d’auto-coaching pour aller plus loin dans notre réflexion et de nombreux moyens de passer à l’action avec des rituels pour vivre le changement.

Quelques mots sur l’auteure :

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« Mis à part un nom de famille peu intuitif (à prononcer Guiiisssss), ceux qui me connaissent savent que j’aime les pékinois, Chopin et Jésus. À 4 ans je remportais mon premier concours national de piano. J’étais cette petite fille « parfaite » aux chaussures vernies et à la robe sans faux plis, qui manquait tous les goûters d’anniversaire pour faire ses gammes et ses arpèges. Esclave de la peur de me tromper et d’être jugée dans la musique comme dans la vie, j’étais devenue cette femme qui n’osait pas vivre ses rêves, pire qui ne savait même pas qu’elle en avait.

C’est en 2015 après un burnout maternel, que j’ai décidé de dire stop à la femme, la mère, l’épouse parfaite des contes de fées, pour dire oui à une vie épanouie avec toutes ses imperfections et ses imprévus.

Depuis j’ai lâché ma carrière musicale toute tracée pour :
– aider les femmes à aimer leur vie et sortir du complexe de la famille « Kinder Bueno »,
– aider les auteurs à écrire et vendre leur livre.
Aujourd’hui coach certifiée en développement personnel, entrepreneur, auteur et conférencière, je suis surtout ex-perfectionniste et audacieuse ! ».

J’ai passé un excellent moment de lecture. J’ai fait les nombreux tests proposés par Cindy. Si toi aussi, tu aspires à moins de perfectionnisme, à plus de lâcher-prise : procures toi ce petit bijou. L’auteure est pertinente, intelligente et ses propos sont étayés.

« C’est exactement ce qui s’est passé pour Ariel, la petite sirène de Disney, lorsqu’elle est passée de l’océan à la vie sur terre. Elle a utilisé l’audace pour élargir la tente de sa vie et emmener les piquets plus loin, au-delà de l’océan. Et tu sais quoi ? J’imagine très bien, le jour de son mariage avec le prince, d’autres sirènes murmurer « j’suis dégoûtée, elle a trop d’la chance !! ».

Pourtant, les gens qui ont ce que l’on voudrait ne sont pas chanceux, mais audacieux. Ils ont payé le prix pour arriver là où ils sont. » [..]

« Je m’aime, donc je suis,

On est responsable de réchauffer son cœur. Rien de plus terrible que de sentir la pression  de devoir combler tous les manques d’une voisine, d’une amie, d’une sœur, d’une mère qui fonde tous ses espoirs en toi, n’est-ce pas ? Quand on rend les autres responsables de notre propre bien-être, on se réserve des frustrations, des déceptions et des incompréhensions. On devient esclave de ce qui était censé nous donner des ailes. On se nourrit seulement de la cerise au lieu de s’attaquer au gâteau [..]. »

« Plus on vit moins on pense, plus on pense moins on vit. » Arnaud Desjardins

« J’accepte la grande aventure d’être moi. » Simone de Beauvoir

« Perfection et imperfection. Si les deux peuvent être beauté, seule l’imperfection peut faire le charme. » Angélique Planchette

« Personne ne peut te faire sentir inférieure sans ton consentement ». Eleanor Roosevelt

A bientôt,

Sana,

Tous droits  réservés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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