Quatrième livre. Quatrième semaine déjà. Je suis vraiment heureuse de lire chaque jour. Je sens que j’enrichis mon esprit, mes perspectives, mes connaissances. L’ouvrage dont je vais vous parler aujourd’hui est un superbe ouvrage : complet, riche, pratique. Et j’en ai énormément entendu parlé. Et en bien. Il s’agit de l’ouvrage de Stéphane de Freitas : « Porter sa voix ».
Quelques mots sur l’auteur, en préambule.
À propos de l’auteur
Stéphane de Freitas est né le 28 août 1986. C’est un artiste français, réalisateur et entrepreneur social. Il est le concepteur des programmes de prise de parole Eloquentia et du réseau social d’entraide Indigo. Il a réalisé le documentaire À voix haute : La Force de la parole (documentaire qui a fait un tabac d’ailleurs) qui suit des participants d’un concours Eloquentia. Le documentaire expose le concours « Eloquentia » de l’Université de Saint-Denis qui vise à élire « le meilleur orateur du 93 ». Des étudiants de cette université issus de tout cursus, décident d’y participer et s’y préparent grâce à des professionnels (avocats, slameurs, metteurs en scène…) qui leur enseignent le difficile exercice de la prise de parole en public. Les concours Eloquentia permettent aux participants d’apprendre les ressorts subtils de la rhétorique, de s’affirmer, de se révéler aux autres, et surtout à eux-mêmes.
Stéphane de Freitas est également un artiste pratiquant la peinture et le street art. Il travaille notamment le concept de l’Indigo, une couleur qui résulte du mélange harmonieux entre le bleu et le rouge. Il donne le nom de son concept à son association La Coopérative Indigo et au réseau social d’entraide qu’il invente. Indigo est en effet une association sans but lucratif qui souhaite « innover dans la réflexion et la création de lien social. »
Comme les slasheurs, il cumule tout un tas d’activités, et je trouve cela tellement enrichissant. Le fil rouge reste sa fibre sociale, pédagogue, humaniste. Son ambition est de valoriser la parole, l’écoute, le non jugement au travers des ateliers, des formations qu’il anime.
Je dis bravo, quel parcours ! Ses origines modestes ne l’ont pas empêché d’intégrer à 16 ans un cursus sport-études au lycée Notre-Dame de Boulogne, un établissement parisien renommé où il a côtoyé majoritairement des jeunes issus de milieux privilégiés. Ce qui l’a amené à se sentir constamment en décalage social. Mais armé d’une formidable détermination, il devient basketteur professionnel, décroche un master en droit et un diplôme de commerce. Je trouve son engagement de retisser du lien, et de donner la parole à ceux qui n’ont pas l’habitude de la prendre vraiment très honorable.

Voici le résumé du livre :
Nous sommes tous amenés à prendre un jour la parole en public. Mais comment faire pour ne pas avoir peur et être écouté ?
Stéphane de Freitas nous donne les clés pour libérer notre parole, prendre confiance et se révéler aux autres et à soi-même.Nous n’avons jamais autant eu l’illusion de pouvoir nous exprimer sur tout, partout et tout le temps. Mais sommes-nous écoutés ? Pour que nos envies, nos rêves puissent exister ailleurs que dans notre esprit, il nous faut apprendre à prendre la parole en public, à défendre clairement nos idées et à instaurer le dialogue. Pourtant la pratique de l’oral reste une compétence peu enseignée dans notre cursus scolaire. Pour beaucoup d’entre nous, elle est source de fragilité sociale et professionnelle.
Stéphane de Freitas a créé et anime depuis 2012 des ateliers de prise de parole auprès de nombreux élèves et d’étudiants. Les résultats sont remarquables. En apprenant à puiser au fond d’eux la force d’un discours authentique, en s’initiant aux techniques oratoires, ils retrouvent confiance et se révèlent aux autres et à eux-mêmes.
Dans ce livre fondateur, Stéphane de Freitas défend une véritable pédagogie de l’oral, fruit de son histoire personnelle et de son expérience auprès des jeunes. Il en expose avec clarté les grandes étapes et livre les outils pratiques pour développer individuellement et collectivement notre esprit critique et libérer notre parole, dès l’école et tout au long de la vie.
Pour que chaque personne puisse « porter sa voix », sa propre voix.
Mon résumé
« Porter sa voix » se composent de cinq belles parties très denses, et complètes : allant de la pédagogie de la méthode jusqu’à la préparation des concours d’éloquence passant par les oraux de concours, ou les entretiens d’embauche.
I. LA PEDAGOGIE INNOVANTE DE LA METHODE « PORTEZ SA VOIX » :
Dans la première partie, Stéphane De Freitas traite de la pédagogie de la méthode « Porter sa voix », et notamment de la parole comme modèle de résolution des conflits. L’auteur évoque également les préceptes de Freinet, Montessori, et Steiner avec une incroyable justesse.
Je me suis régalée en lisant cette première partie et notamment parce qu’elle m’a permis de me replonger dans un passage de Plutarque qui m’avait beaucoup plu il y a des années de cela. « Je pense qu’il est bon de converser fréquemment et avec soi-même et avec autrui. Or, cet égard, nous voyons la plupart agir imprudemment. Ils s’exercent à discourir avant d’avoir été façonnés à écouter; et ils se figurent que pour parler il y a une science et une pratique, mais que pour l’audition elle apporte toujours du profit, quelle que soit la manière de s’en servir. Et pourtant, au jeu de paume on apprend tous ensemble à recevoir la balle et à la lancer ; mais dans la pratique oratoire il n’en est pas ainsi : le talent d’accepter convenablement un discours est antérieur au talent de les prononcer [..]. Ainsi donc, en toute circonstance, le silence est pour le jeune homme un ornement assuré, et surtout lorsqu’il entend parler un autre. Il ne doit pas se troubler, ne pas se récrier à chaque parole : même si le discours ne lui plait guère, il faut qu’il se contienne et attende que son interlocuteur ait fini de parler [..].Aussi quelques-uns ont-ils dit avec justesse, qu’il vaut mieux de l’esprit des jeunes gens faire sortir la jactance et l’orgueil que l’air des outres, lorsqu’il s’agit d’y verser quelque chose d’utile; sinon, plein de vent et trop gonflé, cet esprit ne reçoit rien. »
II. LA PRISE DE PAROLE EDUCATIVE
La deuxième partie est relative à l’éloquence, et la prise de parole éducative, mettant en lumière les différences entre les notions d’éloquence et de rhétorique, et la nécessaire congruence pour atteindre l’éloquence.
« Pour être éloquent, un discours doit être habité. » Et, « lorsqu’un beau discours ne reflète pas authentiquement la pensée de celui qui parle, ce n’est pas de l’éloquence. La frontière entre les deux types de discours est fine mais elle est perceptible. C’est alors de la « triche », du « jeu », tout au mieux de la « comédie », le plaisir de séduire ou de manipuler un auditoire. Si pour certains il peut tout de même s’agir d’éloquence, pour ma part je préfère réserver ce terme noble, non pas à l’art de tromper un auditoire, mais plutôt à s’ouvrir à lui. C’est en tout cas, la philosophie de la pédagogie « Portez sa voix » ».
L’auteur met également l’accent sur le savoir-être, les « compétences sociales » et la prise de parole dans les programmes de l’Education nationale.
III. « PORTER SA VOIX » EN GROUPE :
La troisième met en exergue la méthode « porter sa voix » dans la dimension du groupe.
En effet, l’auteur y développe notamment les objectifs de la pédagogie au niveau individuel (développer la confiance en soi, oser prendre la parole, être en congruence), et collectif (créer une dynamique collaborative, éveiller l’empathie des élèves).
Par ailleurs, le cadre de valeurs, et les axes de travail sont savamment décrits et explicités :
- la nécessaire introspection,
- l’esprit critique,
- la structuration du propos,
- la mobilisation des connaissances,
- la maitrise du corps et de la voix,
- …
En outre, l’auteur détaille les techniques vocales et de respiration pour mieux appréhender une prise de parole.
Aussi, il évoque la question des soft skills (compétences douces) et la nécessaire introspection pour identifier ses aspirations, notamment pour les jeunes qui souhaitent choisir un cursus universitaire. Un module introspectif leur est proposé pour évaluer leurs compétences et les centres d’intérêt.
IV. « PORTER SA VOIX » INDIVIDUELLEMENT :
La quatrième partie est consacrée, quant à elle, aux clés de la prise de parole individuelle : que ce soit dans le cadre d’un discours, d’un oral d’examen, d’un entretien.
Avant toute prise de parole, l’auteur nous invite à nous poser les bonnes questions :
- Pourquoi est ce que je prends la parole ?
- Qu’est ce que mon public doit retenir ?
- Qui est mon auditoire ?
Par ailleurs, l’auteur détaille et analyse les structures du discours. Ladite « classique » est composée de l’introduction, l’argumentation, et de la péroraison (conclusion). Les structures alternatives, quant à elles sont :
- le plan journalistique : efficace pour présenter les tenants et les aboutissants d’une situation, d’un évènement, (il revient à suivre la méthode des 5 W : watt, why, who, when, where),
- le plan dialectique : plus connu sous le nom de « thèse/antithèse/synthèse » (cela me rappelle mes cours de français :)),
- le plan chronologique : c’est le plan idéal pour des faits historiques,
- le plan constat-besoin-solution : utilisé pour présenter une recommandation, ou faire adopter une solution.
Une des techniques exposées par l’auteur est la boussole à entretien, et ce, en vue de préparer un entretien. L’objectif est d’orienter au maximum les questions de notre interlocuteur afin de mettre en lumière les points forts de notre candidature.
Il s’agit de réaliser une fiche sur la structure à laquelle on candidate, en répondant aux questions telles : que fait cette entreprise ? Qui la dirige ? Où est-elle située ? Puis, rechercher les valeurs de l’entreprise (dynamisme ? innovation) et identifier les trois valeurs qui semblent principales.
Ensuite, il est nécessaire de se pencher sur la nature du poste ainsi que sur la personne qui va vous interroger le jour de l’entretien ( place dans l’entreprise, traits de caractère..). De même, il faut identifier les qualités demandées pour le poste, et associer ses expériences professionnelles aux qualités demandées par le poste.
V. « PREPARER UN CONCOURS D’ELOQUENCE » :
Enfin, la cinquième et dernière partie évoque les concours Eloquentia, et donne des outils concrets pour se préparer à un concours d’éloquence.
Quelques citations tirées de l’ouvrage
« Mon parcours est une histoire de ténacité. Au cours de ma scolarité, je suis souvent passé in extremis dans la classe supérieure, ratant, recommençant, persistant. De l’école primaire au début du lycée, je me suis longtemps économisé, puis, une fois dos au mur, j’ai dû remonter les manches. Mais un déclic a transformé ma trajectoire. En fin de collège, j’ai pris conscience que la façon d’interagir avec les autres, que les mots qu’on choisissait, l’art de les manipuler, étaient déterminants pour la construction personnelle au risque de se sentir fragilisé. J’ai compris que le vocabulaire nous aidait à mettre des mots sur nos émotions, à faire preuve de subtilités, de nuances. Les mots sont notre outil pour la construction de notre réflexion : plus on les maitrise, à l’écrit comme à l’oral, et plus ils permettent de se faire comprendre par les autres, au plus juste de ce que l’on pense, et donc de gagner confiance en soi ».
« Ce qui motiver à faire un discours, c’est une idée que l’on souhaite défendre et qui nous importe. Ne pas parler pour ne rien dire, mais bien être là pour exprimer un sentiment, une conviction, ou pour expliquer un plan d’action à mener. Il n’est pas nécessaire de s’interroger sur sa légitimité, sa valeur personnelle, son talent oratoire pour prendre la parole. Toute personne qui veut défendre une idée est capable de faire une belle prestation orale, et l’idée que l’on soutient peut être très simple. En outre, lorsque vous partagez une émotion, un sentiment éprouvé, une expérience vécue dans votre chair, vous seul avez pu la percevoir avec acuité, en ressentir les conséquences, formuler à son sujet des regrets ou une grande satisfaction. Vous en avez tiré des enseignements qui peuvent en intéresser plus d’un. »
Mon avis
Je ne te cache pas que cet ouvrage m’a titillé. Il a réveillé en moi une ancienne et profonde aspiration : celle de donner une conférence. Je ne sais guère dans quel cadre pour le moment, ni quand, ni comment, mais j’ai l’impression, en refermant cet ouvrage, de posséder les outils nécessaires pour faire une belle prestation.
J’ai rarement lu un livre aussi complet. C’est un livre très riche, plein d’exemples, de témoignages. La méthode proposée balaie l’ensemble du processus de prise de parole. Les valeurs de l’auteur transparaissent dans ces jolies pages : bienveillance, engagement, respect.
Je trouve que c’est une belle invitation à prendre la parole, à transmettre ce que l’on est à travers les mots. Et quelque part, cet ouvrage est une éloge de notre belle et riche langue. J’ai toujours adoré les gens qui manient le verbe avec éloquence et justesse. Il n’a rien de mieux que de transmettre une histoire, une émotion, un enseignement avec le mot juste. Le mot qui vient à point nommé. Le mot qui touche.
Que vous travaillez dans le monde de l’éducation ( assistant d’éducation, conseiller principal d’éducation, professeur, directeur d’établissement, lycéen, étudiant…), que vous soyez curieux des questions de rhétoriques, d’éloquence, ou que vous ayez en objectif un concours, un entretien : ce livre vous donnera de multiples clés, et d’outils pour faire de votre prise de parole une réussite. D’autant que les exercices, ateliers, témoignages proposés sont multiples et riches d’enseignements.
D’ailleurs, que ce soit à l’école, en famille ou dans un contexte professionnel, faire entendre son point de vue est nécessaire.
« Il ne faut que du cœur pour s’élancer au sacrifice; il faut de la volonté pour ne pas s’arrêter en chemin ». Eugène Marbeau
Cet ouvrage est disponible sur Amazon :
N’hésitez pas à me poser des questions sur l’ouvrage, ou la méthode proposée par l’auteur car ce livre est tellement dense qu’il en est difficilement résumable.
A très bientôt,
Sana,
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