Je suppose, tu supposes

Bonsoir !

Je hais les suppositions. Parce que les suppositions sont des hypothèses. Et on finit par croire ces hypothèses. Et parfois on médit sur ces suppositions. Les suppositions sont des créations de nos pensées. Bref. Pour illustrer mon propos, je dirais que l’image que l’autre se fait de toi n’est pas toi…

Anecdotes.

J’avais prévenu mes collègues que je ne m’attarderai guère lors du pot (comme à mon habitude) et que seul le fait d’honorer l’invitation de la future retraitée m’importait.

L’heure d’arroser son départ arrivait. Les bruits des talons se faisaient entendre. Mon bureau donnant sur des escaliers largement empruntés, je ne pouvais prétexter ne pas avoir entendu le brouhaha qui annonçait les festivités.

«Bon Sana, active, arrête de te faire désirer..» me lança alors Judith.

Comment lui expliquer alors que j’étais à mille lieux de jouer un rôle ? Sommes nous donc forcés d’apprécier ce genre de mascarade orchestrée par des collègues , pour passer un hypocrite moment teinté de médisance avec celles et ceux qui ne peuvent se voir en peinture, mais qui nonobstant cela estiment ce rituel social comme un passage obligé de la vie professionnelle ?

«En plus, tu as participé au cadeau. Ce serait dommage que tu ne sois pas là.»  ajouta t’elle.

Pouvais je lui dire que j’étais seulement altruiste, généreuse, et bien élevée ? Et que je n’attendais rien en retour.

Je participe toujours quelles que soient les circonstances car j’estime appartenir à un collectif. Mon côté altruiste sans doute. Mon éducation.Ainsi, ais je versé des larmes en suivant le corbillard lorsque nous avons perdu une collègue il y a quatre ans; Ainsi ais je sauté de joie lorsqu’une autre m’a annoncée la naissance de sa petite.

Nous étions ainsi réunies pour fêter le départ d’une collègue de la direction. J’ai toujours cette fameuse manie de me mettre toujours au fond. Héritage de l’école sans doute : «les petits devant, les grands derrière!». Mais aussi, de cette façon, je peux facilement quitter la meute sans attiser trop de curiosité.

J’ai une technique bien à moi. Ce schéma peut se reproduire à l’infini. J’écoute très attentivement le discours, j’applaudis, je souris, je discute même brièvement avec les uns et les autres. Une fois que le buffet est ouvert, j’ai toujours une collègue qui connaissant mon côté introverti me propose gentiment d’aller me chercher de quoi grignoter. N’étant pas une pique assiette pour un sou, j’acquiesce poliment. Je souris. Je picore.

Les bouches se délient. Les bouches dégustent.

C’est le meilleur moment pour abréger la gageure.

C’est alors que les regards interrogatifs entrent en jeu.

J’ai un don pour décrypter les pensées. A ce moment, ils doivent se dire «mais pourquoi est-elle si intrigante » ? (tu as peut être connu la pub orangina pour ne pas la citer «mais pourquoi est il si méchant?? Parce queeeeeee»).

C’est ainsi que lorsque je prenais congés d’un pot la première, leurs regards en disaient long sur leur manière de me percevoir.

Si je pouvais lire dans leurs pensées, probablement que j’entendrai leur questionnement : comment peut elle être ce brillant mélange d’apparence et de profondeur? Ou leur affirmation plus qu’erronée : ne sommes nous pas assez bien pour qu’elle daigne nous accorder un peu de son temps? 

Le procès du snobisme donc. Des anecdotes, je pourrais t’en conter des tonnes. Du temps où je fréquentais la salle de sport, il y a deux ans, un jour en attendant que le coach vienne, j’avais préfèré opter pour la discrétion d’une place excentrée, je déplaçais donc mon tapis de sol vers cette dernière. J’aime ne pas être sous les feux des projecteurs.

C’est alors qu’un adhérent que je voyais régulièrement à la salle me lança d’un ton sarcastique mais rieur : « oui sana, éloignes toi, je ne suis pas de ton niveau, j’aurais été ingénieur, ou avocat, tu serais à côté. Tu es élitiste.»

Whatttttttttt??? Moi élitiste ? Il ne me connaissait pas. A part des banalités, nous n’échangions rien. Et je venais faire du sport avant tout..

En outre, s’il y a une fille sur terre qui va vers les autres, qui petite déjà s’offusqueait que les grands, petits, boutonneux, timides, soient exclus c’est bien moi!!!!!!!

Bref. Les gens ont souvent des a prioris ridiculement faux envers nous les introvertis. Les zèbrés.

Matérialiste. Deuxième procès.

Parce que forcément quand tu es jolie tu aimes les jolies choses, donc, raccourci : tu es matérialiste.

Début janvier. La mascarade habituelle. Le temps des voeux. «Sana, on te souhaite un prince riche, beau, bien sous tes rapports ?».

Un prince riche ? Diantre! Non sans façons. Cela fait une éternité que j’ai compris qu’au delà des biens matériels, il y a des choses qui ne s’achètent pas. Le respect. La confiance. Les valeurs. L’humanité. La générosité. La douceur. L’envie de cheminer. La profondeur..

En outre, indépendante et digne, je n’ai jamais accepté de recevoir quoique soit de quiconque.Ma règle numéro 1 : ne rien devoir à personne.

C’est à peine si j’accepte les cadeaux de maman et de mes sisters, tout en les rendant au centuple.Enfin presque.

La main qui donne est au dessus de celle qui reçoit. C’est ce que l’on m’a inculqué.

Même un café à la machine, j’ai toujours refusé que l’on me l’offre. Ce n’est que tout récemment que j’ai commencé à accepter (avec dans ma tête cette alerte «je lui rendrai dès que l’occasion se présente»).
Alors moi matérialiste, je ne crois pas.

Ainsi donc les paroles, actes, suppositions de l’autre ne nous concernent pas en propre. Ils sont l’expression de ses propres croyances.

A bientôt.

Sana.

25 réflexions sur “Je suppose, tu supposes

  1. Bonsoir Sana,
    Je te comprends et me suis un peu reconnu dans certaines situations que tu as décrites. J’ai même entendu une fois dans mon dos « avec le salaire qu’il doit avoir… ». Eh bien oui, j’avais un « bon » salaire mais ce que je n’avais pas dit c’est que j’en donnais une partie non négligeable tous les mois pour aider des gens qui en avaient besoin.
    Je pense qu’il faut essayer de faire abstraction des suppositions des autres. Pas facile quand même.
    A bientôt

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  2. Ping : Liebster awards volume 2. – Affranchie

  3. coquille_vide

    Salut,
    Je me retrouve dans certaines situations et réactions que tu décris. Les autres prennent pour du snobisme ou pour de l’élitisme ce qui n’est simplement que de la peur, de la retenue dû à notre caractère introverti.
    Encore une fois, nous nous attardons peut-être trop sur ce que peuvent penser les autres. Même si c’est faux, même si ça nous fait du mal, on ne peut pas empêcher les autres de penser et on ne peut pas plaire à tout le monde. Donc bon, faut laisser couler.
    Bonne journée 😉

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  4. Coucou Sana ! toujours autant de plaisir à lire ces portraits, ces moments choisis qui illustrent bien combien certains sont bornés. Tu es réservée et bien soit je le suis aussi. Ne changeons rien et tant pis pour les autres ! Je suis timide avec certain(e)s , pas avec d’autres, question d’alchimie, bon après midi à toi ! Bises de Bretagne 😉 🙂

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  5. Mode De Vie Selon CyCy

    Coucou ! ahah mais c’est tellement vrai ce que tu dis ! ^^ je me suis bien reconnue parfois je n’aime pas me « mélanger » par peur de déranger ou parce-que je préfère être seule, et je n’ai pas forcément envie de faire semblant, d’aller parler avec une personne que je n’apprécie pas forcément, donc je préfère m’éloigner plutôt que de sourire et passer pour une hypocrite ! Je préfère que l’on me dise que je suis hautaine mais au moins il n’y a pas de faux semblant 🙂 Super tes portraits 🙂 Bisous

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  6. Ce n’est pas un problème simple. Ce n’est pas nous qui sommes visés dans ces cas-là, c’est simplement le jugement que les gens portent sur eux-mêmes et qui leur semble si évident qu’ils le projettent sur nous. Leur image d’eux-mêmes est si dégradée qu’ils la projettent à l’extérieur pour en faire une vérité. Ca se remarque surtout quand on leur parle : leur susceptibilité ne touche jamais que les domaines dans lesquels ils se sentent eux-mêmes inférieurs.
    Un sage d’Asie conseillerait le détachement et la compassion, mais ce n’est pas toujours simple à faire.
    Et plus le temps passe et plus ce phénomène se produit car les gens ont l’estime de soi plus fragile en vieillissant. Il ne faut alors jamais perdre de vue que ce n’est qu’une projection de leurs propres peurs.
    Bon courage, en tout cas.

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  7. Oui moi aussi, je me reconnais bien dans ce portrait ! Jeune, j’étais timide et toujours en retrait (mais surtout tellement mal dans ma peau), donc j’étais une belle plante, trés jolie dans la déco…ou aux bras d’un homme, et je devais être une personne hautaine aussi, je suis juste tout le contraire de l’image que je peux renvoyer. C’est triste de juger sur les apparences.
    belle soirée !

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  8. Coucou Sana et quel plaisir de lire ton texte. Je déteste les suppositions : elles amènent le plus souvent à un faux jugement. Ce qui est bien triste. Personne ne devrait te prendre de haut alors que tu es une personne discrète et respectueuse des autres. Tu as bien raison de t’affirmer en restant telle que tu es. Merci encore pour ce partage Sana ! Gros bisous et passe une très belle semaine ! 😚

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  9. Ping : Comment gérer ses peurs ? – Les secrets pour rayonner

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